Star féminine numéro 1 en Corée du Sud, Doona Bae a le choix de la Reine, passant des meilleurs réalisateurs coréens (Bong Joon-ho, Park Chan-wook) aux grands cinéastes internationaux (Hirokazu Kore-Eda, Andy et Lana Wachowski). Deux ans après Cloud Atlas, elle revient en force sur les écrans (elle a entre-temps tourné un biopic inédit chez nous) avec un rôle de policière taciturne, affectée dans un commissariat de province pour des raisons administratives obscures. Sur place, elle va se prendre d’affection pour Dohee, une adolescente maltraitée par son père et sa grand-mère. Produit par Lee Chang-dong, A girl at my door, premier film de la prometteuse July Jung, est un mélo rugueux qui confirme le potentiel illimité de Doona Bae.Le personnage de Young-nam, alcoolique et triste, est très dark. Qu’en avez-vous pensé en lisant le script ?Qu’elle était plus difficile à cerner que Dohee, l’autre personnage féminin du film ! Dohee dégage une certaine force qui l’aide à surmonter les difficultés, alors que Young-nam subit plus les choses. J’ai essayé de la jouer en contenant l’émotion à l’intérieur de moi tout en laissant filtrer une certaine humanité.C’est un film émotionnel avec des scènes psychologiquement et physiquement très dures. Comment l’avez-vous appréhendé ?Je n’analyse jamais rien à l’avance. Se fixer un objectif, un standard de jeu est le meilleur moyen de ne pas y arriver. Je ne me fie qu’à mon instinct. Lors de la scène de l’interrogatoire (Young-nam est à un moment mise en accusation), j’ai été bouleversée comme mon personnage, mais cela ne m’a pas posé aucun problème « technique ».Lee Chang-dong, ici producteur, aurait pu réaliser ce film tant il est proche de ses préoccupations et de son style. Est-il intervenu pendant le tournage ?Il faut savoir que l’équipe était très jeune, de la réalisatrice aux acteurs en passant par la productrice exécutive. Quand Lee passait sur le tournage, tout le monde était impressionné. Sa présence seule apportait de la profondeur. Ça lui est arrivé de faire des grimaces pendant des prises, ce qui voulait dire qu’il fallait arranger certaines choses… Il m’a personnellement donné quelques conseils précieux, comme lorsqu’il m’a dit que Young-nam devait paraître « plus faible ».Avez-vous l’impression d’appartenir à une génération dorée du cinéma coréen ?J’ai débuté en 1999, précisément l’année où le cinéma coréen a commencé à avoir une renommée internationale. J’ai l’impression que nous entrons désormais dans une phase de déclin. Il y a moins de diversification dans les projets, c’est devenu très industriel. Néanmoins, je n’oublie pas tous les grands cinéastes avec lesquels j’ai travaillé et qui m’ont par exemple permis de tourner aux Etats-Unis.Les Etats-Unis, parlons-en. Vous venez de retrouver Andy et Lana Wachowski pour Jupiter Ascending. Un mot sur votre rôle ?C’est pratiquement un cameo, que j’ai fait par amitié pour eux. Je joue une chasseuse de primes. Un rôle très fun, vous verrez !Avec le recul, quel est votre personnage préféré dans Cloud Atlas ?La Mexicaine (elle éclate de rire) ! Objectivement, le personnage de Sonmi m’a marqué, parce qu’il était très dense et émouvant mais la Mexicaine a été très réjouissante à incarner. Elle est tellement passionnée et débordante d’énergie !Un autre film de prévu aux Etats-Unis ?Oui, mais je n’ai pas encore signé, je ne peux pas en parler.Et la France, vous aimeriez y tourner ?Oui, s’il vous plaît, donnez-moi une chance ! Je peux apprendre le français s’il faut !Christophe NarbonneA Girl at my door de July Jung avec Doona Bae, Kim Sae Ron, Song Sae Byuk est présenté à Un Certain regard à Cannes