Le producteur Richard D. Zanuck, âgé de 77 ans, est mort d’une crise cardiaque ce vendredi 13 juillet, d’après Variety.Fils du producteur Darryl F. Zanuck et de l’actrice Virginia Fox, Richard Darryl Zanuck est né en 1934 « pratiquement dans un studio de tournage », plaisantait-il à Variety. Il apprend le métier de producteur auprès de son père, alors à la tête de la 20th Century Fox (en cinquante ans de carrière, le bigger than life Zanuck père a produit aussi bien les Raisins de la colère que Le Jour le plus long) et assiste à sa première cérémonie des Oscars à 7 ans. Au début des années 60, Richard prend la place de son père sur le trône de la Fox : il voit passer des films glorieux qui allaient changer Hollywood, comme French Connection de William Friedkin, M*A*S*H de Robert Altman, le carton La Mélodie du bonheur et même La Planète des singes et Patton de Franklin J. Schaffner (il ne produit pas personnellement ces films, mais tous sont issus de la 20th Century Fox de ces années-là). Pendant ses huit années passées à diriger la production, alors que le cinéma yankee renaissait grâce à l’énergie des auteurs du Nouvel Hollywood les films du studio reçurent 159 nominations aux Oscars…Mais ensuite, une succession d’échecs financiers le poussent à partir du studio (les comédies musicales Star de Robert Wise, Une étoile est née avec Barbra Streisand, ou encore L'extravagant docteur Dolittle furent de gros fours coûteux). Après un bref passage à la Warner, Richard fonde alors sa propre boîte de production avec David Brown au sein d’Universal. Ils prennent part à la production de L’Arnaque de George Roy Hill avec Paul Newman et Robert Redford (énorme succès et sept Oscars au compteur en 1974…).  Et, malgré le flop du road movie Sugarland Express, Zanuck décide de faire appel à Stven Spielberg pour mettre en bopite Les Dents de la mer. Qui fut à sa sortie en 1975 le plus succès de tous les temps aux Etats-Unis, et a sans doute été le premier blockbuster post-moderne, dans tous les domaines (matraquage publicitaire à la télé, imagerie americana, high concept et clarté du récit). La suite, pour Spielberg, appartient à l’Histoire.Côté films notables, Zanuck produit Le Verdict de Sidney Lumet avec Paul Newman (1982), Cocoon de Ron Howard avec Richard Dreyfuss (1985) ainsi que sa suite, mais le sommet de sa carrière est atteint en 1989 lorsque Miss Daisy et son chauffeur, mélo antiraciste avec Morgan Freeman dans le rôle du chauffeur d’une vieille dame, obtient quatre Oscars (Meilleure actrice pour Jessica Tandy, Meilleur scénario adapté, Meilleur maquillage, Meilleur film) et trois Golden Globes (Meilleur acteur, meilleure actrice, Meilleur film). Et un carton au box-office : 145 millions de dollars de recettes pour 7 d’investissement.Après Miss Daisy, la décennie 90 est assez morne (Jugé coupable de Clint Eastwood, Deep Impact), c’est la rencontre avec Tim Burton pour mettre en chantier le remake de La Planète des singes (Zanuck avait donné le feu vert à l'orignal de Schaffner en 1967). Cet énorme succès public, malgré ses difficultés de production, marqua le début d’une relation privilégiée entre Burton et Zanuck. Ensemble, ils firent Big Fish (2003), Charlie et la Chocolaterie (2005), Sweeney Todd (2007), Alice au Pays des merveilles (2010). Ce dernier rapporta 1 milliard de dollars sur la planète. Leur dernière collaboration, Dark Shadows, est sortie en mai dernier. « A Hollywood, il n’y a que le succès qui compte », a raconté un jour Richard D. Zanuck à Leonard Mosley, le biographe de son père Darryl. « Tant que le film marche, il n’y a que le meurtre qu’on ne puisse se permettre. Et s’ils marchent très fort, on peut vraiment tout se permettre. »Au moment de sa mort, Zanuck était en train de travailler sur Monsterpocalypse pour Tim Burton, mais les droits d’adaptation cinéma de cette licence délirante -un jeu de figurines où des monstres géants à la Godzilla se battent- venaient d’expirer.