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Sissy Spacek (La Balade sauvage)
Avec ses taches de rousseur et ses grands yeux inquiets, Sissy Spacek est la première héroïne malickienne. C'est à travers l'interprète de Carrie au bal du diable que le cinéaste trouve son style si particulier : en post-production, il demande à l'impératrice du cinéma américain des 70's d'enregistrer une voix off apaisée et lunaire en total décalage avec les images qui montrent l'épopée cruelle et violente d'un couple en cavale. S'il n'a jamais retourné avec elle, Terrence Malick continue de travailler sur chacun de ses films avec son mari, le directeur artistique Jack Fisk.

Linda Manz (Les Moissons du ciel)
Elle incarne la soeur de Richard Gere, encore faut-il ne pas rater la ligne de dialogue qui l'indique en introduction. Personnage témoin des aventures d'un couple (Gere/Adams) essayant d'extorquer de l'argent à un propriétaire terrien aisé, Linda Manz, alors âgée de 17 ans, incarne une enfant censée en avoir 12. Elle donne la ligne directrice du récit puisque c'est elle qui prend en charge la narration (en voix-off) sans qu'on puisse savoir si ce qu'elle raconte est "vrai" ou transformé par son regard de petite fille.

Brooke Adams (Les Moissons du ciel)
Avec Jessica Harper et Karen Allen, Brooke Adams est l'une de ces superbes actrices aux cheveux noirs et à la peau d'albâtre de la fin des 70's et du début des 80's. Amoureuse de Richard Gere, faisant tourner la tête de Sam Shepard, elle traverse le film sans dégager d'émotion particulière. Impossible de savoir ce qu'elle pense ou ressent, Brooke Adams reste un mystère jusqu'à la dernière image.

Q'Orianka Kilcher (Le Nouveau monde)
Elle est l'une des plus jeunes actrices de Terrence Malick, 14 ans seulement au moment du tournage. De toute la carrière du cinéaste, c'est le personnage qu'elle interprète, inspiré de Pocahontas, qui connaît la plus grande évolution entre le début et la fin du film. Petite princesse indienne rejetée par les seins à cause de sa passion pour un soldat anglais, elle finit par découvrir un amour apaisé avec un propriétaire terrien, avant d'être reçue en grande pompe à la cour d'Angleterre.

Jessica Chastain (The Tree of Life)
La comédienne a fait forte impression dans le rôle de cette mère aimante et rassurante, aussi pure qu'une héroïne de film d'animation (pas étonnant que Terrence Malick la montre le temps d'un de ces plans oniriques dont il a le secret en Blanche-Neige morte dans un cercueil de verre). Cette pureté extraterrestre en a fait l'actrice favorite de cinéastes SF, comme Christopher Nolan ou Ridley Scott. Beau personnage, même s'il est, peut-être, un peu trop beau.

Olga Kurylenko (A la Merveille)
S'il ne devait en rester qu'une, ce serait elle. La plus belle héroïne de Malick, dans son plus beau film. Marina est l'un des personnages de femme les plus complexes vus dans le cinéma américain. Duale, amoureuse transie, tourmentée : impossible d'oublier son visage éclairé par une lumière (divine ?) dans l'avant-dernier plan du film.

Rachel McAdams (A la Merveille)
Personnage étrange que celui incarné par Rachel McAdams dans A la Merveille. Propriétaire terrienne comme l'était Sam Shepard dans Les Moissons du ciel, amis d'enfance du héros joué par Ben Affleck, plus solaire que sa "rivale" Olga Kurylenko, la femme qu'elle interprète est pourtant hantée par la perte d'un enfant. La nuit, elle éclaire à la lampe torche les poupées de sa fille disparue dans des plans dignes d'un film d'épouvante.

Imogen Poots (Knight of Cups)
Dans A la Merveille, Olga Kurylenko contemplait une tapisserie médiévale représentant une licorne, symbole de féminité, dans un musée français. Imogen Poots faisait exactement la même chose dans Broadway Therapy, de Peter Bogdanovich, mais dans un musée américain. Pas étonnant qu'elle se retrouve dans un Malick. Fée Clochette perruquée, Poots a la grâce d'une héroïne wong kar-waienne.

Isabel Lucas (Knight of Cups)
On ne voit jamais son visage. Elle est la dernière des déesses de Christian Bale dans le mouvement final du film. Un oeil affûté pourra la débusquer en début de récit dans quelques plans, dans un avec Teresa Palmer sur la plage. Elle offre une des images les plus mémorables du film : celle où, telle une sirène, elle fend l'eau d'une piscine, nue, par une nuit d'été. Qui sait si Malick n'a pas vu Les Immortels, de Tarsem Singh où Isabel Lucas jouait déjà une déesse de l'Olympe.

Freida Pinto (Knight of Cups)
Si tout le monde loue les qualités plastiques de Freida Pinto, il n'en est pas de même pour ses talents d'actrice. Terrence Malick lui a donc offert le rôle d'un mannequin ! Elle est dans la scène la plus drôle du film. Accessoirement, sa relation avec Christian Bale restera amicale.

L'actrice australienne vue dans Warm Bodies se retrouve dans la partie la plus sexy du film (la scène de "pole dance" et les fêtes grandioses à Vegas). A la fois sublime et sympa, Teresa Palmer est notre favorite de Knight of Cups.

Cate Blanchett (Knight of Cups)
Dans le rôle de la femme parfaite quittée pour des filles plus jeunes, Cate Blanchett joue Cate Blanchett. L'air grave, digne en toutes circonstances, affublée d'un métier sérieux - elle est médecin là où ses "remplaçantes" sont strip-teaseuses ou mannequins. Cate Blanchett est à la fois absolument parfaite et totalement attendue.

Natalie Portman (Knight of Cups)
A l'instar de Cate, Natalie est telle qu'on l'attend. Petite chose fragile comme de la porcelaine avec les yeux toujours embués de larmes. Cette propension au malheur doit susciter le sadisme des cinéastes. Car même dans un film aussi doux que Knight of Cups, c'est le seul personnage féminin à réellement souffrir.

Passage en revue des actrices qui ont illuminé le cinéma de Terrence Malick.
 

« Womanizer ! », lance Brian Dennehy à son fils, incarné par Christian Bale, dans Knight of Cups. Depuis des années, on nous présente Terrence Malick comme un philosophe, un poète, un saint cherchant l'élévation de l'esprit loin des préoccupation terrestres. Surprise : Knight of Cups est un autoportrait impudique du cinéaste en obsédé sexuel, la quête d'un homme qui cherche à combler l'absence de sens de la vie par la multiplication des conquêtes. Mais cette fascination pour les femmes était présente depuis le début. Passage en revue des actrices qui ont illuminé son cinéma.

Par Nicolas Rioult