La salle des profs (2024) affiche
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La Salle des profs

Auteur de plusieurs longs n’ayant jamais atteint les salles de cinéma françaises, le nom d’İlker Çatak nous était jusque là inconnu. Et en s’asseyant devant un film au titre aussi sobre, presque conventionnel, difficile d’imaginer autre chose qu’un nouveau drame sur l’école, dans la lignée des Héritiers et d’un Métier Sérieux, sorti l’année dernière. Comme attendu d’ailleurs, le film s’ouvre sur un portrait kaléidoscopique d’une école, dans laquelle les professeurs s’échinent à faire au mieux face à des élèves souvent en difficulté.

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Satoshi

Préparez vos mouchoirs ! Satoshi se retrouve privé de sa vue et de son ouïe à 18 ans à cause d’une maladie incurable. Inspiré d’une histoire vraie, ce mélodrame japonais se révèle plutôt juste quand il aborde la maladie du point de vue de la mère, seule femme capable de partager la douleur psychologique de son fils. Mais le récit s’abime hélas trop dans une atmosphère tire- larmes qui vient fragiliser la morale sur l’acceptation de soi.

Yohan Haddad

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Rien ni personne

Jean, dealer menacé par ses vieux collègues, plonge dans un déferlement de violence en fuyant sa double vie pour protéger sa famille. On est alors entraînés dans la cavale haletante d’un homme qui cherche à laver son passé, entre la drogue, les néons et les pleurs de son bébé. Ce thriller noir porté presque intégralement par Paul Hamy (Maryland) brille par son dynamisme saisissant. Avec ce premier film tendu qui flirte parfois avec le road movie, Gallien Guibert capture les allers et venues nocturnes de son personnage entre Nantes et Saint-Nazaire.

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Revivre

Voilà neuf ans et Chouf qu’on était sans nouvelles de Karim Dridi sur grand écran. Ce retour se fait par le biais d’un documentaire où il a suivi, dans le service de réanimation pédiatrique de l’hôpital de la Timone, deux couples de parents en attente d’une greffe pour leurs enfants en bas âge : cardiaque pour l’un, de foie pour l’autre. Un exercice délicat et peuplé de pièges dans lequel il ne tombe jamais car se situant toujours à bonne distance de ses personnages.

Thierry Chèze
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Madame de Sévigné

Désireuse de dépoussiérer les idées toutes faites sur la marquise de Sévigné et sur l’aristocratie française du dix-septième siècle, Isabelle Brocard (réalisatrice en 2011 de Ma compagne de nuit) consacre son récit à la relation fusionnelle entre l’illustre madame de Sévigné et sa fille - nommée Madame de Grignan après son mariage - et s’appuie sur des concepts à la résonance contemporaine en observant notamment ce que chacune projette sur l’autre.

Damien Leblanc
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Il n'y pas d'ombre dans le désert

À Tel Aviv, deux enfants de déportés, un Israélien et une Française, se retrouvent par hasard lors du procès d’un nazi ayant participé à la persécution de leurs parents. Un quiproquo plus tard, l’Israélien kidnappe la Française et tente de la raisonner sur un amour passé. Si le début intrigue, Yossi Aviram travesti trop vite son film sur la mémoire en ersatz tendancieux de L’Année Dernière à Marienbad - et échoue à trouver l’équilibre entre une histoire d’amour contrariée et un récit intime sur la transmission.

Yohan Haddad

 

Eureka (2024)
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Eureka

 Comme un puzzle, la vue d’ensemble d’Eureka ne peut fonctionner sans toutes ses pièces. Trois pour être exact, totalement disparates mais qui n’ont de sens que lorsqu'elles sont imbriquées les unes aux autres. D'abord, un western hollywoodien en noir et blanc bourré d'archétypes, où Viggo Mortensen parcourt une vallée désertique dans la peau d’un cow-boy d’une époque révolue. Le dernier acte, lui, nous emmène dans l’Amazonie des années 1970 à la rencontre des Indiens qui vivent dans l'immensité de cette forêt à l’atmosphère étouffante.

Lucie Chiquer
Black Tea
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Black tea

Abderrahmane Sissako semble avoir le goût des surprises.  Qui aurait pu imaginer qu’il faudrait attendre dix ans son nouveau film après le succès de Timbuktu ? Et qui aurait pu deviner que celui- ci le conduirait pour la première fois hors du continent africain ? Black tea met en effet en scène une Ivoirienne qui, refusant un mariage forcé, part vivre en Chine où elle tombera amoureuse du propriétaire chinois de la boutique d’export de thé où elle est engagée.

Thierry Chèze
Débâcle (2024)
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Débâcle

Il y a devant et comme ici derrière la caméra une constante chez Veerle Baetens : son peu d’appétence pour la tiédeur et son goût pour les histoires rugueuses aux passions exacerbées qu’elles soient rentrées ou explosives. L’héroïne du déchirant Alabama Monroe a choisi comme entame de sa carrière de réalisatrice d’adapter un roman de Lize Spit, le récit d’un traumatisme vécu gamine par Eva, qui, longtemps enfoui en elle, va ressurgir vingt ans plus tard avec le besoin irrépressible de solder les comptes de sa souffrance.

Thierry Chèze
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La Mère de tous les mensonges

 Documentaire encensé à Cannes, La Mère de tous les mensonges part d’une volonté d’ Asmae El Moudir de poser une question qui hante son esprit depuis petite : pourquoi, pendant très longtemps, n’y avait-il pas de photos d’elle dans sa maison ? Elle part alors à la recherche de ce que cache sa grand-mère, matriarche autoritaire à l’origine de cette interdiction d’avoir des clichés de soi. Afin d’obtenir des réponses, Asmae El Moudir confronte ses proches à une maquette de son ancien quartier, remplie de maisons miniatures et de figurines.

Lucie Chiquer
Dune 2 : affiche française
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Dune: Deuxième partie

Génocide : le mot, comme il convient à sa nature radioactive, est partout dans l’air du temps. Celui de notre monde réel. Et il revient sans cesse dans Dune: Deuxième partie. Paul Atréides voit enfin l’avenir grâce à ses pouvoirs, et il sait que s’il accepte de devenir le messie des Fremens, il devra donner l’ordre de commettre le plus grand génocide jamais vu. Et ça lui fait peur. Et Chani, l’amour de sa vie, ça lui fait peur aussi -elle sait qu’il est un faux messie, un Elu bidon, un nouvel oppresseur qui ne sera que massacres et génocides.

Sylvestre Picard
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Walk up

Alors que le dernier film d’Hong Sang-soo (De nos jours) était sorti à l’été 2023, que le prochain sortira en juin et qu’un autre est présenté à la Berlinale ce mois, le plus prolifique des cinéastes sud-coréens sort donc Walk Up, où un célèbre réalisateur (joué par le fidèle Kwon Hae-hyo) rend visite à une ancienne amie dans l’immeuble de Gangnam dont elle est propriétaire. C’est l’occasion d’une exploration de chaque étage du bâtiment et de rencontres avec les différentes personnes qui peuplent le lieu.

Damien Leblanc
Universal Theory (2024) de Timm Kröger
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Universal theory

Christopher Nolan fait des émules jusque dans les Alpes suisses. C’est là que l’Allemand Timm Kröger a situé l’intrigue de son thriller fantastique évoquant sciences physiques, mondes parallèles et citations de Robert Oppenheimer, et confirmant l’existence d’une internationale du cinéma « quantique », sous influence du réalisateur d’Interstellar.

Frédéric Foubert
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Une vie

Surnommé le Schindler britannique, Nicholas Winton a sauvé des centaines d’enfants juifs vivant à Prague en organisant des convois vers Londres, avant que la ville tombe aux mains des Nazis, en 1938. Un geste resté méconnu jusqu’à ce soir de 1988 où la BBC l’a invité à témoigner en réunissant à ses côtés ceux qui avaient survécu grâce à lui. James Hawes raconte cette histoire en multipliant les aller- retour entre les deux époques.

Thierry Chèze
Sleep (2024)
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Sleep

Un couple, un appartement, un bébé en chemin, et le train-train quotidien qui part soudain en vrilles parano… Contrairement aux apparences, nous ne sommes pas dans Rosemary’s baby, mais dans Sleep, premier long-métrage du Coréen Jason Yu.

Frédéric Foubert
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Le Pion du général

Dans une petite ville indonésienne, le jeune Rakib travaille comme employé de maison dans le manoir d’un général à la retraite en pleine campagne pour les municipales. Alors que l’ex militaire prend le garçon sous son aile, sa figure paternelle devient étouffante et menaçante, jusqu’à l’écraser et l’objectifier. Le Pion du général apporte un vent de fraîcheur dans le paysage du cinéma indonésien à travers un thriller intense qui maitrise parfaitement ses codes.

3 Il fait nuit en Amérique

Chaque jour à Brasilia, la police est appelée par des habitants qui découvrent près de chez eux un animal sauvage échappé du parc national. «Pouvez-vous venir récupérer cette bestiole?», les entend-on souffler dans le combiné tandis que se multiplient à l’écran les plans nocturnes de tamanduas, loups à crinière, renard des savanes… Porté par sa photographie somptueuse, ce documentaire restitue avec beaucoup de grâce les tensions entre une urbanisation devenue folle et la faune silencieuse qui perd, peu à peu, son droit de cité.

Emma Poesy

Double Foyer (2024)
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Double foyer

Un couple qui a décidé de ne pas vivre ensemble mais dans deux appartements séparés suscite l’incompréhension de leurs proches au point de remettre en cause le lien fort qui les unit. Difficile de se passionner pour un récit dont on ne croit à aucun des rebondissements tant les enjeux apparaissent minces. Pour en faire le sujet de son premier long, l’autrice-journaliste Claire Vassé doit forcément être certaine du contraire. Mais elle ne parvient jamais à le transmettre.

Thierry Chèze
Les derniers hommes affiche
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Les Derniers hommes

Né d’une rencontre entre Jacques Perrin (légendaire acteur, réalisateur et producteur disparu en 2022) et David Oelhoffen (réalisateur de Loin des hommes ou Frères ennemis), ce film de guerre situé en 1945 en Indochine suit un groupe de légionnaires étrangers traqués par l’armée japonaise qui tentent de survivre dans la jungle pour rejoindre la base alliée la plus proche.

Damien Leblanc
Bye Bye Tibériade
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Bye Bye Tibériade

Arrière-petite-fille d’une longue lignée de femmes palestinienne, Lina Soualem est la première de sa famille à être née loin de Tibériade, enclave palestinienne à la frontière du Liban et de la Syrie. Cet éloignement, elle le doit à sa mère, Hiam Abbass, partie du pays très jeune pour devenir actrice à Paris. C’est à cette dernière que s’intéresse ce documentaire émouvant dans lequel Lina Soualem retrace, grâce à de très belles images d’archives, l’histoire familiale.

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Au fil des saisons

On a découvert le duo Hanna Ladoul- Marco La Via avec Nous les coyotes, un premier long sur un jeune couple confronté au rêve américain. A rebours de la majorité de la critique, Première n’avait pas été convaincu par ce film charmant mais peinant à tenir sur la longueur.  Soit exactement ce qu’on éprouve devant cette chronique d’une relation grand- mère- mère- fille – que tout semble opposer avant de se rapprocher - au sein d’une ferme où elles élèvent des poules.

Thierry Chèze
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Le Royaume des abysses

Un film d’animation complètement psychédélique, affolant visuellement, qui vous retourne le cerveau … On sait qu’on vous fait le coup souvent. Dans le cas du Royaume des abysses, c’est pourtant vrai à 100, à 150, à 200 %. A tel point qu’on commencera par vous conseiller, une fois n’est pas coutume, de découvrir le film en version française. En fait, on insiste même pour que vous le voyez en VF, et en 3D en plus pour faire le combo gagnant.

Sylvestre Picard
Affiche de L'Empire de Bruno Dumont
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L'Empire

« Gare aux héros et aux saints ! », prévient Belzébuth incarné par un Fabrice Luchini halluciné dont la diablerie est d’autant plus saisissante qu’elle repose sur la complète sidération d’un acteur pas certain de savoir ce qu’il est censé faire. Il est seul dans un vaisseau spatial cathédrale prêt à amender une humanité primitive. Le périmètre à conquérir est fait de dunes, de champs de patates, de départementales rectilignes, d’une mer infinie... Le Nord de Dumont, son territoire.

Thomas Baurez
Affiche de L'Empire de Bruno Dumont
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L'Empire

« Gare aux héros et aux saints ! », prévient Belzébuth incarné par un Fabrice Luchini halluciné dont la diablerie est d’autant plus saisissante qu’elle repose sur la complète sidération d’un acteur pas certain de savoir ce qu’il est censé faire. Il est seul dans un vaisseau spatial cathédrale prêt à amender une humanité primitive. Le périmètre à conquérir est fait de dunes, de champs de patates, de départementales rectilignes, d’une mer infinie... Le Nord de Dumont, son territoire.

Thomas Baurez
Le Successeur (2024)
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Le Successeur

Coup de force cinématographique qui remporta le César du meilleur film et sidéra par sa description de l’emprise patriarcale et des violences familiales, Jusqu’à la garde avait placé haut la barre des attentes autour de Xavier Legrand. Le talentueux réalisateur revient ainsi avec un deuxième long métrage qui montre cette fois comment le patriarcat exerce aussi une brutalité sur les hommes adultes - et pas seulement sur les femmes et les enfants.

Damien Leblanc
Bob Marley : One Love
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Bob Marley: One love

Ce qui frappe dans ce Bob Marley, one love, c’est comment le film se définit par ses manques -on reste sans cesse sur notre faim, tant le film semble éviter soigneusement tout risque d’aspérité en gommant le plus de passages possibles. Au fond, le film ne surprendra pas les accros aux biopics musicaux-pâtés en croûte, sur-verrouillés par l’entourage de l’idole concernée, façon Bohemian Rhapsody.

Sylvestre Picard
AFFICHE
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Maison de retraite 2

Dans le premier Maison de retraite, Kev Adams incarnait Milann, jeune type arrogant, détestant les vieux et obligé de bosser en Ehpad dans le cadre de ses Tiges. Vite converti en bon samaritain, il redonnait leur dignité aux pensionnaires et imaginait même un choc des cultures en confrontant ses pensionnaires décrépits à des orphelins turbulents. Un prétexte pour offrir à ses comédiens carte vermeil de quoi s’amuser et à ses spectateurs une démo de bons sentiments. 

Pierre Lunn
Vivants - affiche
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Vivants

Le nouveau long-métrage d’Alix Delaporte (Angèle et Tony, Le Dernier coup de marteau...) acte de la fin d’un monde, celui du journalisme d’investigation. Un monde qui ne semble plus compatible avec la loi d’un marché qui carbure à une rentabilité immédiate. Or le propre d’une enquête est justement de savoir se détacher des contraintes du temps, la vérité étant par essence une proie difficile à cerner. A la télévision française, la quête du sensationnel et de cette « proximité » si chère aux annonceurs ont considérablement réduit la notion même de « terrain ».

Thomas Baurez
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Rose, petite fée des fleurs

Rose est une adorable petite fée. Précisons : une fée des fleurs. Habillée d’une robe en forme de bourgeon et munie d’une baguette magique, notre héroïne parcourt chaque jour une clairière enchantée. Le matin, elle fait éclore les fleurs du rosier qu’elle habite avant de les fermer à la nuit tombée. Mais en dépit de cette existence bucolique et enchantée, Rose se sent triste. Plutôt, elle se sent seule. Un jour, au hasard d’un malentendu entre plusieurs habitants de la clairière, la fée rencontre un papillon, Satin. Une nouvelle amie, le début du bonheur.

Le Molière Imaginaire
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Le Molière imaginaire

Se déroulant intégralement le soir du 17 février 1673, ce film réalisé par le dramaturge Olivier Py relate les dernières heures de la vie de l’illustre Molière, en assumant une part d’invention. Présent sur la scène du théâtre du Palais-Royal où il joue lui-même sa pièce Le Malade imaginaire, Molière se trouve au coeur d’un tourbillon d’affects à régler en coulisses avec sa troupe de comédiens.

Damien Leblanc