On croyait le projet mort et enterré. Dieu merci, on se trompait ! Jack et la mécanique du cœur de Mathias Malzieu et Stéphane Berla vient de renaître de ses cendres. Et c’est à Annecy que ce phénix a pris son envol.« C’était dur, un vrai coup sur la tête. » A voir et entendre Mathias Malzieu, on réalise que le pire est peut-être derrière eux, mais que la plaie n’est pas encore cicatrisée.Cela fait maintenant presque trois ans que l’entrée en production de Jack et la mécanique du cœur, film adapté de l’album et du roman du leader de Dionysos, a été annoncée par Europa Corp. Il y a deux ans, Mathias Malzieu et son coréalisateur, Stéphane Berla, étaient même venus présenter en fanfare leur bébé à Annecy. Mais quelques mois plus tard, un drame frappe ce beau projet : la société Duboi, qui concevait toute l’animation, ferme ses portes, laissant le film sur le carreau.« Du jour au lendemain, nous avons vu les 120 personnes de notre équipe vider leur bureau » raconte Mathias Malzieu. Stéphane Berla renchérit : « A cet instant, on n’entendait plus du tout le cœur de Jack faire tic tac. On a vraiment commencé à paniquer. » Mais comme toujours chez Malzieu, son énergie et son enthousiasme finissent par emporter le morceau : « On n’a jamais pensé que le film était totalement mort : tout le monde a été très solidaire chez Europa, ils se sont bien battus. Et petit à petit, le film est revenu à la vie. » Stéphane Berla, qui était rentré dans l’univers de Malzieu en réalisant pour lui les très beaux clips de Neige et Tais-toi mon cœur, poursuit : « Il s’est passé un an et demi entre la faillite de Duboi et l’instant où nous sommes parvenus à récupérer tout le matériel que nous avions conçu chez eux, pour emmener le film chez une autre société. »Cette autre société, c’est Walking the Dog, une compagnie basée en Belgique, qui avait déjà travaillé sur Un monstre à Paris pour Europa. « Ce qui nous a plu chez eux, explique Mathias Malzieu, c’est qu’ils ont été force de proposition. Par exemple, la bouche de nos personnages est assez petite, ce qui peut être un souci, notamment durant les parties chantées du film. Or, les gens de Walking the Dog ont développé toutes les parties articulées des bouches, pour répondre à nos besoins. Nous sommes très contents du résultat. »Dans ce combat, Jack et la mécanique du cœur aura tout de même perdu son format relief : le film sera désormais projeté à plat. Mais en dehors de cette concession, le duo assure qu’il n’a jamais renoncé à sa vision initiale. Et c’est d’ailleurs avec une belle fierté qu’ils sont venus présenter les premiers extraits du film miraculé aux festivaliers d’Annecy. Mieux encore, l’envie de travailler ensemble est toujours très vivace, comme l’explique Mathias Malzieu : « Quand on va en train à Bruxelles pour travailler avec les équipes de Walking the Dog, Stéphane et moi on ne peut pas s’empêcher de parler d’autres projets de films ! » Pas de doute donc, la mécanique du cœur bat encore ! Le film sortira en France le 5 février 2014.Ecolos rigolosDernière avant-première mondiale du festival, Tante Hilda a été accueillie dans une ambiance euphorique. Et pour cause : c’était la première fois que l’équipe du film, en partie présente dans la salle, découvrait le produit fini. On savait que le coréalisateur du film, Jacques-Rémy Girerd, était un écologiste forcené, notamment avec son précédent film, Mia et le Migou. On le découvre cette fois en militant ulcéré : Tante Hilda n’est plus un conte moral à destination des enfants, mais une satire enlevée qui rappelle les grandes heures de la BD française post-soixante-huitarde. On pense beaucoup aux travaux de Gébé ou de Reiser en découvrant ce pamphlet pas franchement raffiné, mais définitivement énergique et inventif contre les OGM, qui doit beaucoup à son excellente interprétation vocale (la gouaille de Josiane Balasko en PDG cynique, est savoureuse) mais aussi au coup de crayon du directeur artistique et coréalisateur du film, Benoît Chieux. Une belle surprise ! Tante Hilda sortira en France le 12 février 2014Deux longs-métrages de la compétition méritent un focus.Le premier, Uma Historia de Amor e Furia, marque l'entrée au festival d'un nouveau pays, le Brésil, qui nous propose une romance tragique entre deux rebelles impénitents, dont les révoltes s'étalent à travers les âges et les générations. Plutôt énergique et mis en scène par une équipe manifestement impliquée, Uma Historia de Amor e Furia est très honorable, même si la comparaison avec Cloud Atlas est inévitable et n'est, évidemment, pas en la faveur de ce film nettement moins ambitieux que la magnifique symphonie filmique des Wachowski et de Tykwer.Berserk Golden Age Arc II est le second opus d'une trilogie dont l'ambiance se situe quelque part entre La Chair et le Sang et Game of Thrones (toute proportion gardée, évidemment). Malgré une technique pas toujours à la hauteur (les images de synthèses sont parfois grossières), le film est porté par de superbes idées radicales et une mise en scène au dynamisme galvanisant. Un combat archi gore et une scène de sexe très malsaine, articulée autour d'un morceau de Bach, valent indéniablement le détour pour les amateurs d’épopée médiévale adulte et bourrine.Le film sortira en France directement en Blu-ray et DVD chez Dybex vers la fin de l'année.Un petit mot pour finir sur la présentation de Cheatin', le prochain long-métrage de Bill Plympton qui devrait sortir en France dans un an. Bénéficiant d’une mise en couleur évoquant l’aquarelle, Cheatin' est une relecture forcément barrée de Roméo et Juliette. Indépendant forcené, Plympton a trouvé pour son nouveau film une alternative aux montages financiers habituels : en passant par la plate-forme de financement participatif Kickstarter, ce cinéaste honni de l'establishement hollywoodien a réuni plus de 100 000 $, alors que son objectif initial était de 75 000 $ ! Une belle preuve de fidélité de la part de ses fans et un tout nouveau champ des possibles pour Plympton qui a raconté, hilare, comment lors des derniers Annie Awards (l’équivalent des Oscars pour l’animation), toute l’assemblée ne parlait que de son exploit.La campagne Kickstarter de Plympton pour Cheatin' :