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Ce qu’il faut voir ou pas cette semaine.

L’ÉVENEMENT

UNE VIE VIOLENTE ★★★★☆
De Thierry de Peretti

L’essentiel
Une fresque historique sur le militantisme nationaliste corse. Sec et mental.

Nicolas Montigny a été assassiné à Bastia en 2001. Le jeune homme de 28 ans payait alors le lourd tribut de son engagement avec Armata Corsa, groupe armé dissident du FLNC. Une vie violente s’inspire librement de cette réalité : baptisé Stéphane et affublé de lunettes, le héros est lui aussi un étudiant issu de la bourgeoisie dont personne ne subodore le basculement sanglant. De Peretti retrace sa trajectoire fragmentée dans une fresque en forme de long flashback.
Éric Vernay

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PREMIERE A AIMÉ

QUE DIOS NOS PERDONE ★★★★☆
De Rodrigo Sorogoyen

Eté 2011. Madrid croule sous la chaleur. Les Indignés sont dans la rue, le Pape bientôt en visite et un tueur en série amateur de petites vieilles sévit. Pour le traquer, deux inspecteurs que tout oppose et que personne ne soutient. Voilà le tableau de ce thriller étouffant qui a décroché une demi-douzaine de nominations aux derniers Goyas.
Edouard Orozco

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PREMIÈRE A PLUTÔT AIMÉ

ANNABELLE 2 : LA CREATION DU MAL ★★★☆☆
De David Sandberg

Passons vite sur la régression quasi totale d'Hollywood affirmée à travers l'existence même d'Annabelle 2 : La Création du mal (prequel de spin-off qui était lui-même prequel, qui dit mieux ?). Voici donc l'histoire de cette poupée maléfique qui provoque morts et folie autour d'elle. Loin de la fluidité de la mise en scène de James Wan qui provoquait une terreur chimiquement pure dans les deux Conjuring, David Sandberg (Lights Out) met surtout le volume à 11 sur les bruitages des jump scares très prévisibles -et ça fait surtout peur à nos tympans. Dommage que le film soit aussi paresseux dans ses effets : la photo americana de Maxime Alexandre (chef op d'Alexandre Aja) est très jolie et la situation de départ originale (des orphelines confrontées à leurs pires cauchemars) méritaient, en fin de compte, de donner un meilleur film.
Sylvestre Picard

OFFICE ★★★☆☆
De Johnnie To

Empereur du polar stylisé, Johnnie To change de décor (parfois littéralement, en cours de séquence) avec cette comédie musicale glorieusement zarbe consacrée à la crise économique de 2008. Situé juste après la chute de Lehman Brothers, le film se déroule intégralement dans les bureaux de la compagnie Jones & Sunn, un fleuron du capitalisme chinois sur le point d’entrer en bourse, qui vibre (chante et danse) au rythme des fluctuations erratiques du marché. Des centaines de milliards pèsent dans la balance et les complications abondent, à commencer par les conséquences potentiellement désastreuses de la liaison secrète entre le PDG marié Mr Ho (Chow Yun Fat, impérial comme au bon vieux temps) et la directrice en chef Ms Chang (Sylvia Chang, également auteure de la pièce originale). L’inquiétude est palpable chez Jones & Sunn, ce qui n’empêche pas la masse salariale de contribuer à l’éloge musical des vertus égalitaires du big business ; boosté par un rapport prévisionnel positif, un jeune exécutif chante à s’en décrocher la mâchoire qu’il “veut que tout le monde le voit réussir”, tandis qu’un homme au dos voûté pousse un caddie d’ordures à l’arrière-plan. À l’image, Johnnie To met le paquet. Il ne lésine pas sur les mouvements de caméra, filme ses grandes parades à la grue, en 3D, et sur d’immenses plateaux en verre escamotables. La richesse obscène de la production valant probablement comme ultime pied de nez aux autorités chinoises.
Benjamin Rozovas

LOLA PATER ★★★☆☆
De Nadir Moknèche

A la mort de sa mère, Zino découvre que son père, dont il n’a que des souvenirs parcellaires, est devenu une femme. On imagine ce qu’Almodovar aurait pu faire d’un tel matériau dramatique questionnant le genre, l’amour filial, la culpabilité et le désir d’émancipation : un mélo majuscule avec des personnages bigger than life et des rebondissements incongrus. Nadir Moknèche a préféré l’option terre-à-terre, au plus près des protagonistes, qui débouche sur une confrontation joliment sentimentale (et non sentimentaliste) au minimalisme légèrement frustrant. Dans le rôle de Lola la rebelle, Fanny Ardant impose sa voix troublante et sa silhouette gracieuse. Face à ce monstre sacré, Tewfik Jallab confirme qu’il est l’un des jeunes acteurs les plus intéressants de sa génération.
Christophe Narbonne

LA VIE DE CHÂTEAU ★★★☆☆
De Modi Barry et Cédric Ido

Charles est un chef de groupe de rabatteurs employés par les salons de coiffure afro de Château d’eau, à Paris. Surnommé « le prince », il espère rapidement se mettre à son compte en rachetant le salon d’un barbier kurde… En dépit d’une introduction difficile à suivre à cause d’un grand nombre de personnages et d’une conclusion par trop simpliste, La vie de château se présente comme une comédie sympathique qui joue habilement des dialogues et des situations. Cédric Ido et Modi Barry entendent rendre hommage au quartier de leur jeunesse, ce Paris rêvé par les exilés africains venus vivre en France dont les réalisateurs restituent la bonne humeur, notamment à travers une bande-son énergique.
Maxime Kasparian

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

SLEEPLESS ★★☆☆☆
De Baran bo Odar

Faire un remake d’un film français moyen a parfois des vertus : c’était le cas du True Lies de James Cameron, qui transcendait spectaculairement La Totale ! de Claude Zidi. Il faut cependant avouer que ce n’est pas la panacée –voir les remakes peu fameux des Francis Veber. Sleepless revisite donc Nuit blanche de Frédéric Jardin (vous ne l’avez pas vu ? normal), passable série B qui suivait Tomer Sisley en temps réel dans une boîte de nuit où ce flic ripou devait échanger un sac de cocaïne (subtilisé à des malfrats) contre son fils. Baran bo Odar, réalisateur suisse méconnu, doit s’employer pour rendre encore plus spectaculaire cette mission improbable où les rebondissements incongrus se succèdent. Peine perdue. Dans la peau du flic piégé, Jamie Foxx fait le job avec sa décontraction musclée habituelle. Rien à signaler.
Christophe Narbonne

DJAM ★★☆☆☆
De Tony Gatlif

Sur la route, une fille libre chante et danse l’exil et la misère. Elle est grecque et sillonne la Turquie à la recherche d’une bielle neuve pour le bateau de son oncle. En chemin, elle rencontre Avril, une Française paumée… Un film de Tony Gatlif ne ressemble qu’à un film de Tony Gatlif. Pas de scénario, une succession de rencontres où les corps s’animent au son de chants et de musiques folkloriques qui disent la mélancolie et la misère du monde. Pour les profanes, une expérience inédite. Pour les autres, une pâle copie des classiques gatlifiens, Gadjo Dilo et Exils.
Christophe Narbonne

PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ

PASSADE ☆☆☆☆☆
De Gorune Aprikian

Une chambre d’hôtel, un homme et une femme qui se découvrent. Vont-ils s’aimer ou se quitter ? Se sont-ils tout avoué ? Dialogué comme un mauvais roman de gare et filmé platement, ce premier film ne parvient jamais à créer une étincelle de vie ou de vérité.
Christophe Narbonne

 

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Reprises

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Rétrospective Buster Keaton