DR

Après les distributeurs, les réalisateurs protestent contre le service de VOD.La semaine dernière, nous vous parlions de la menace de boycott des blockbusters de l’été (Harry Potter 7 partie 2, par exemple) de la part des plus importants circuits de salles aux USA en guise de moyen de pression contre le lancement d’Home premiere. Ce service de VOD, permettant d’avoir accès, pour 30 dollars, aux gros films des studios hollywoodiens deux mois jour pour jour après leur sortie en salles, sera lancé ce jeudi. Les exploitants ne sont pas les seuls à trouver qu’il s’agit d’une mauvaise idée : vingt-trois cinéastes –et pas des moindres- viennent de signer une lettre ouverte parue dans The Hollywood Reporter. Extraits : "Nous sommes les artistes et professionnels qui aidons à ce que le business du cinéma soit rentable. Nous produisons et réalisons des films. Mais avant tout, nous sommes des énormes fans de cinéma…" "Il y a eu ces derniers temps beaucoup de bruit autour d’un service de VOD premium permettant de voir un film de chez soi alors qu’il est encore en salles… Actuellement, le délai moyen de diffusion sous ce support est de quatre mois (comme le DVD, ndlr). Ce modèle a fonctionné pour tout le monde depuis longtemps… En tant que partie cruciale d’un business qui a rapporté l’an dernier près de 32 milliards de dollars en vente de tickets de cinéma, nous, sa communauté créative, pensons qu’il est temps pour les studios et les cablo-opérateurs de reconnaître qu’une fenêtre de diffusion en VOD premium empiétant sur l’exploitation en salles ne peut qu’irrévocablement endommager les modes de financement de notre industrie cinématographique"… "L’histoire a démontré que le prix n’est pas un argument pour la vidéo : ce qui se vend 30 dollars aujourd’hui peut tomber à 9,99 dollars en quelques années. Si un raisonnement plus sage n’est pas pris en compte, cette cannibalisation des revenus en salles, en faveur d’une fausse-bonne idée prématurée, pourrait mener à la perte de centaines de millions de dollars par an. Des salles fermeront. La concurrence entre celles qui resteront ouvertes sera de plus en plus forte, pour finalement ne proposer que les films les plus commerciaux. Les films plus fragiles, dont le succès dépend d’une sortie stratégiquement pensée, pourraient être sévèrement menacés par ce nouveau modèle"... "Sans compter que la diffusion avancée de parfaites copies numériques de films à domicile ne fera qu’accroître le problème de la piraterie ; pas le résoudre… En tant que leaders de cette communauté créative, nous demandons à avoir voix aux débats. Nous voulons connaître les plans des studios concernant le mal, induit par ce nouveau mode de distribution, à une industrie que nous aimons….Tant que ce ne sera pas le cas, nous demandons à nos partenaires dans les studios de ne pas accélérer la chronologie actuelle des médias et d'encourager les amoureux du cinéma à voir les films dans le meilleur endroit possible : les salles de cinéma américaines". Cette lettre devrait logiquement être prise au sérieux par les studios ayant signé un accord de diffusion avec Home Premiere au vu de leurs prestigieux signataires. Parmi eux :James Cameron, Peter Jackson, Michael Bay, Kathryn Bigelow, Guillermo del Toro, Roland Emmerich, Michael Mann, Todd Phillips, Brett Ratner, Gore Verbinski et Robert Zemeckis. Du côté des salles, la NATO, (regroupement des circuits nationaux de salles) a rétropédalé, en affirmant qu’elle n’encourageait aucun de leurs membres à boycotter les sorties des gros films de cet été, vu qu’elle y perdrait une partie significative de son gagne-pain. Cependant, elle a proposé une marge de manœuvre plus habile : ne plus projeter les bandes-annonces ou faire la promotion dans ses halls de films produits par les studios concernés.